En Seine-Saint-Denis, le Samu reçoit chaque année plus de 650.000 appels et gère environ 235.000 dossiers médicaux. Sur le centre d’appels, "l'effectif théorique est de 40 agents. Il en manque une dizaine pour travailler dans des conditions raisonnables", estimait alors le docteur Frédéric Adnet, qui dirige également les urgences de l'hôpital Avicenne-Bobigny.
Dès dimanche, le directeur général de l’ARS, Aurélien Rousseau, avait réagi. Avant même que la grève ne commence, il avait annoncé à l’AFP vouloir "débloquer une enveloppe exceptionnelle de soutien à chacun des Samu d’Ile-de-France de 30. 000 euros, ce qui fait 2,4 millions à l’échelle régionale". Cette somme, débloquée sur des crédits propres à l’agence, "sera versée la première semaine de janvier", avait-il précisé.
Un effort financier salué qu’à moitié par Patrick Pelloux, médecin urgentiste et syndicaliste à l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf). "C’est encourageant que le directeur général de l’ARS prenne en compte ces revendications, mais nous avons besoin d’un budget pérenne pour pouvoir embaucher du personnel, insiste-t-il auprès de Marianne. S’ils nous donnent 300.000 euros comme ça juste une fois, ça ne sert à rien".
Dans l’urgence, c’est au problème de l’augmentation des effectifs qu’il fallait remédier "mais le problème de fond est organisationnel, souligne Patrick Pelloux. On ne peut plus fonctionner avec des institutions médicales d’urgence qui n’ont pas été revues depuis le XIXème siècle. Il faut réfléchir avec les problèmes de notre temps".
"Le Samu est devenu la porte d’entrée de l’accès aux soins. Il y a une désorganisation totale des systèmes de soins d’urgence", déplore Patrick Pelloux. Selon l’urgentiste, l’afflux de plus en plus important d’appels au Samu est dû à la disparition des médecins de ville. "Encore ce matin, j’étais dans un centre de santé du 14ème arrondissement de Paris où l’infirmière de garde m’a expliqué qu’il n’y aurait aucun médecin disponible entre Noël et le jour de l’an. Cela a forcément une répercussion sur le travail du Samu", souligne-il.
Après la grève du Samu du 93 en cette période de fêtes, "les Services d’aides médicales d’urgence de la Meuse (Verdun), du Val-de-Marne (94) et des Hauts-de-Seine (92) prévoient également les mêmes actions", prévient Christophe Prudhomme. "C’était inéluctable qu’en France, tous les services d’urgence se mettent en grève", soutient pour sa part Patrick Pelloux.