30 juin 2023 l'embrasement POURQUOI ?
Depuis la mort du jeune Nahel mardi lors d'un contrôle de police, des écoles et des édifices publics ont été la cible de la colère de jeunes habitants des quartiers populaires et incendiés dans de multiples villes de France, rappelant les émeutes qui avaient embrasé la France en 2005 après la mort de deux adolescents poursuivis par la police.
Mohamed Mechmache, co-fondateur du collectif "AC le feu", créé lors des émeutes dans les banlieues à l’automne 2005, estime sur RMC ce vendredi que la comparaison est possible sur certains aspects. Mais que malheureusement, les choses peuvent s'embraser d'autant plus vite en 2023 en raison des réseaux sociaux et du manque d'éducateurs dans les quartiers populaires.
"On n'est plus à l'époque de 2005. En 2005, on avait des éducateurs sur le terrain, de la présence humaine. Malheureusement, le compte n'y est plus", juge-t-il.
"Ils ne demandent qu'une chose, c'est le droit commun, des services publics..."
Selon lui, cette "révolte" n'est pas qu'une question de relations entre la police et la population.
"Il y a d'autres problématiques dans ces territoires. Tant qu'on ne prendra pas à bras-le-corps l'ensemble des problématiques qui font que les choses explosent, avec souvent des drames en éléments déclencheurs..."
Mohamed Mechmache estime que les choses n'ont que trop peu évolué dans les quartiers dits "sensibles" et que les revendications sont les mêmes depuis 40 ans.
"Il y a toute une souffrance dans ces territoires qui dure depuis trop longtemps. Cela fait 40 ans qu'on traite ces habitants comme une exception alors qu'ils ne demandent qu'une chose: c'est le droit commun, des services publics…"
Le co-fondateur d'"AC le feu" estime que les habitants de ces quartiers sont de "plus en plus précarisés" avec des familles "qui ne s'en sortent plus". Il estime que cette paupérisation est une véritable "violence".
Pour tenter de résoudre ce problème, il tient à interpeller les responsables politiques et réclame un "vrai Grenelle de la politique de la ville" pour que les quartiers populaires deviennent des lieux où il fait bon vivre.
____________
Le chômage et la misère ont de tous temps entraîné des violences et il suffit parfois de la goutte d’eau -de trop- qui fait déborder le vase pour que tout s’embrase. Le gouvernement devrait régler les problèmes et les vraies raisons au lieu de renforcer ses cow-boys, souvent racistes, et qui ne maîtrisent pas leurs armes (il aurait pu tirer dans la voiture ou dans le pied au lieu de tirer dans le thorax de ce jeune adolescent). Depuis l'année 2022, le nombre de décès après un refus d'obtempérer s'élève à 16.
___________________________________________
"C'était inéluctable", estime jeudi 29 juin sur France Inter Henri Leclerc, président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme, alors que la nuit a été émaillée de violences urbaines dans de nombreuses villes après la mort mardi de Nahel, 17 ans, tué par un policier lors d'un contrôle routier. L'avocat pénaliste rappelle que la mort de l'adolescent "représente une violence terrible". Henri Leclerc considère que ces incidents et affrontements avec les forces de l'ordre démontre "un sentiment de corps" au sein de "cette jeunesse défavorisée" qui a l'impression "qu'on a tué l'un d'entre" eux. "Ces jeunes qui aujourd'hui se soulèvent ont un sentiment de fraternité avec celui qui a été tué", ajoute le président d'honneur de la LDH. S'il y a "d'abord un sentiment de tristesse, de chagrin aussitôt un sentiment de révolte naît inévitablement", note l'avocat. Il considère que ces violences ne pouvaient pas être évitées "tant cette mort paraît injuste".
Le président d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme critique par ailleurs la réaction du syndicat Alliance police nationale. Dans un communiqué de presse publié mercredi soir, le syndicat a dénoncé les propos tenus par Emmanuel Macron, les jugeant "inconcevables". Pour Henri Leclerc, en affirmant que le policier en cause "a le droit à la présomption d'innocence", le syndicat policier "se solidarise complètement" avec l'agent. "Il pourrait y avoir au moins la condamnation de ce que révèle" la vidéo de la mort de Nahel, ajoute-t-il.
__________________________________