Ses habitant, depuis toujours, se nomment les BELOUS, nom qu’ils portent avec fierté. Dans le temps, un chauffeurs de bus, partant de la Place d’Arme pour Laleu, lançait à la ronde « En route pour Belouville ».
= L’église Notre-Dame, construite en 1101, fut élevée sur un tertre, ancien lieu de culte des Druides, sur l’emplacement probable d’un village gaulois. Le cardinal Richelieu y célébra plusieurs fois la messe.
Après son incendie en 1944, la nouvelle église St-Pierre, résolument moderne pour l’époque, fut construite par un élève de Le Corbusier. Le clocher est une construction totalement indépendante de l’église, tour à base carrée coiffée d’un toit à une seule pente, abritant les cloches commandées électriquement. Pour financer les cloches, les crédits étant épuisés, les jeunes de Laleu se sont fait « récupérateurs ». Le produit de leurs ventes ajouté à la fonte de la cloche de la vieille église ont permis la fonte des trois cloches de la nouvelle église.
= En 1592, Paul Yvon achète la seigneurie de Laleu et fait construire le château. Il épouse la soeur de Tallemant des Réaux, mémorialiste, auteur des « Historiettes ». Originaire de Touraine, de religion protestante, il fit fortune comme commerçant-armateur. Esprit ouvert à tous, il était connu pour sa tolérance religieuse et son amour du prochain. Nommé maire de La Rochelle en 1616.
En tant que seigneur de Laleu, Paul Yvon accordait le pain et le gîte trois jours durant à tout vagabond, pèlerin ou proscrit qui se présentait au château et lui remettait un écu d’argent lors de son départ.
= La première école de Laleu fut ouverte par Paul Yvon en 1592. Il l’entretint de ses deniers. Elle ferma peu après son décès en 1646.
Une nouvelle école fut ouverte en 1732. Destinée aux enfants des deux sexes, le curé donnait ses cours les jours pairs et impairs afin que garçons et filles ne soient pas ensemble. Cette classe accueillait catholiques et protestants sans distinction de cours sauf pour les catholiques qui recevaient en plus, des cours de catéchisme dont les protestants étaient exemptés. En revanche, ces derniers payaient une redevance en compensation, cependant la conversion à la religion catholique les en dispensait !
Obligatoire, cette école n’était pas fréquentée avec assiduité, les enfants aidant les parents aux travaux des champs. En cas d’absence les parents étaient redevables d’une amende de cinq sols par jour et par enfant. Quant aux indigents, le pain de secours et l’aumône leur était retirés durant l’absence des enfants.
= Pendant le siège de La Rochelle par Richelieu, le maréchal de Bassompierre s’établit dans le château de Laleu. C’est dans ce château que le dimanche 29 octobre 1628, les notables rochelais, avec à leur tête le maire Jean Guiton, viendront déposer leur acte de soumission entre les mains de Louis XIII, mettant fin à 415 jours de siège.
= La principale activité économique était l’agriculture et en premier lieu la vigne. L’histoire de Laleu est intimement liée à celle du vin en Gaule qui, sous l’influence des romains, remplaça la cervoise. Cette culture, reprise par les moines, produisait un vin connu et apprécié, alors que le vin de Bordeaux, à cette époque, n’était qu’un simple « claret ». Il partait du port du Plomb vers l’Angleterre et la Bretagne. On parle déjà de la chauffe du vin pratiquée à Laleu pour en faire de l’eau de vie. Si la double chauffe était pratiquée à Laleu au XVII° siècle, les « Beulons » seraient alors les « pères » du Cognac.
Aujourd’hui il n’y a plus aucune exploitation agricole sur le territoire de Laleu.
= Le quatrième lundi du mois de novembre avait lieu la « Foire aux Oignons », signalée dès le XVII° siècle par un droit de foire acheté par Paul Yvon au roi Louis XIII. Elle se tenait sur la place des Halles et dura jusqu’à la guerre de 14. Au cours de cette foire, on cuisait une galette... aux oignons que l’on faisait « descendre » avec le vin nouveau.
= Les jours de fête, les hommes mettaient leur costume en velours marron, veste et pantalon, et ils se coiffaient du chapeau à larges bords. Ou alors ils revêtaient la blouse bleue ou noire, insigne de leur profession.
Tous étaient chaussés de sabots et portaient un bâton. Il servait à se défendre en cas d’attaque car les chemins n’étaient pas sûrs. Un dicton local n’affirme-t-il pas : « Homme sans bâton, homme sans raison ». Le bâton, simple ou sculpté était le faire-valoir de son propriétaire.
Le bâton, les sabots, la montre et sa chaîne (quand il en possédait une) était le legs du chef de famille à son cadet, l’aîné héritait des terres.
Les femmes revêtaient une longue robe de couleurs sombre les recouvrant du cou aux chevilles. Un fichu noir croisé sur la poitrine donnait une allure moins triste à l’ensemble. Toutes portaient une coiffe à Laleu, le « coiffis » ou la « canette » suivant leur condition. Cette coiffe était la carte d’identité du village.
= Nous avions comme voisin, à St-Maurice (ancien quartier de Laleu), un certain Eugène Fromentin, peintre et romancier, qui dans son livre « Dominique » parle de ces lieux. Il situe son action à Villeneuve qui est en réalité St-Maurice, Vaugoin ou Laleu. Son personnage, Madeleine de Nièvres s’appelait en réalité Jenny-Caroline Léocadie Chéssé, épouse Béraud, agent de change rochelais. Elle repose dans le cimetière de St-Maurice où sont inhumés Eugène Fromentin et les membres de la famille Fromentin. Le père d’Eugène Fromentin, docteur, habitait rue Dupaty à La Rochelle. Dans ce cimetière nous trouvons également la tombe de Joséphine-Marie Ménard, la fille supposée de George Sand et d’Alfred de Musset. Elle vivait et mourut à Laleu.