Sur la Villa Saintongeaise d'Ausone. :
Plongeons dans le 4ème siècle :
Ausone (Ausonius), de son nom complet Decimus Magnus Ausonius, né en 309/310 en Gironde était un homme politique, homme de lettres et pédagogue gallo-romain proche de l'empereur Gratien ; il fut préfet des Gaules en 378.
Poète de langue latine, ce lettré de l'empire Occident est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages. L'histoire littéraire française, oubliant de nombreux autres auteurs de son siècle ou des siècles précédents, le considère comme le premier représentant de la tradition des lettres latines en France. ll est le plus grand représentant de la poésie païenne au IVe siècle.
Ausone, l'aimable poète bordelais, possédait au IVe siècle des propriétés, pas éloignées de Saintes, sur lesquelles il nous a donné certains détails.
Sa campagne était voisine de coteaux couverts de vignes, de champs fertiles, de prairies verdoyantes et de grand bois (Lettre XXIII à son ami Paulus).
Elle était située in Novero pogo et séparée de Bordeaux par trois fleuves et trois plateaux élevés (même lettre).
On pouvait y venir de Bordeaux, soit par eau, soit par terre (Lettre X). Par eau, il fallait descendre jusqu'à l'embouchure de la Gironde et probablement s'aventurer en mer; par terre, il fallait prendre la route de Blaye, c'est-à-dire celle de Saintes.
D'autre part, cette campagne était voisine de Saintes (Lettre VIII); mais, c'est une proximité relative ; car lorsque Ausone invite Paulus à un banquet en cette ville, il annonce qu'il y fera porter du vin de son domaine sur un char à deux chevaux (Lettre XI).
De riches produits et de première nécessité, un commerce florissant venant activer l'agriculture, firent de la Saintonge, pendant la période gallo-romaine, une contrée très civilisée, couverte de monuments : aqueducs, arcs de triomphe, temples et arènes. « Saintes, au 1er siècle, dit M. Jullian, avait été la plus grande et la plus vivante des cités de l'Aquitaine ».
A la veille de ces invasions [Barbares], le poète Ausone vantait l'opulence des campagnes saintongeaises. Il y séjournait. Il y séjournait souvent et invitait ses amis Tetradius et Axius Paulus, rhéteurs à Mediolanum, dans sa villa de Pagus Noverus dont on ignore l'emplacement. Dans ses propos optimistes il vantait le vin et les huîtres, et rien ne laissait prévoir les bouleversements du siècle suivant. HISTOIRE DE L’AUNIS et de la SAINTONGE – Jean-Michel Deveau.
Extrait d’un texte d’Ausone :
(Et c'est là, Paulin, que tu transportes la trabée et la curule du Latium; là que tu enseveliras les honneurs reçus de ta patrie? Quel est donc l'impie qui t'a conseillé un si long silence? Que celui-là ne puisse plus jamais faire usage de sa voix! Que nulle joie n'exalte plus son âme! Que jamais les doux accents des poètes, les modulations variées d'une tendre élégie, que jamais le cri de la bête ou la voix des troupeaux, que jamais l'oiseau ne charment son oreille ; que jamais il n'entende Echo retirée au fond des bois aimés du pasteur, et qui nous console en répétant nos propos; que, triste ou pauvre, il habite les déserts; qu'il parcoure muet les croupes des cimes alpestres, comme on dit qu'autrefois, privé de la raison, fuyant les approches et les traces des hommes, Bellérophon promena ses pas errants dans les lieux solitaires! Voilà mes voeux! ô Muses, divinités de la Béotie, exaucez cette prière et rendez un poète aux Muses du Latium! ).