Le XIXème siècle fut le siècle des premiers grands progrès techniques…
A Rochefort-sur-Mer (17), la traversée de la Charente au niveau du Martrou posait des problèmes de sécurité. Elle était auparavant assurée par un bac. A cet endroit, le fleuve présente une largeur de plus de 160 mètres. Les vents forts y sont coutumiers , et le courant, par le jeu des marées, engendre un danger supplémentaire. A cela s’ajoutaient les impératifs horaires ; aucune traversée de nuit n’était effectuée. Les avaries matérielles occasionnaient des retards, et elles étaient légion.
Lors des crues, il n’était pas rare que le service fût tout simplement suspendu. Les jours d’affluence, notamment lors des marchés, il fallait attendre des heures et des heures avant de pouvoir embarquer.
En 1838, la construction de deux ponts pour le franchissement de la Charente fut décidée. Le premier en 1841, à Tonnay-Charente. Ce pont suspendu à a une longueur de 204 mètre, son tablier est à 18 mètres au-dessus de la Charente. Le second, prévu au Martrou, posait cependant un problème : à cet endroit, la présence d’un pont gênerait la libre circulation des bateaux. Face au refus catégorique de la Marine Nationale, il fallut trouver une autre solution. En 1868, le projet de pont tournant fut déposé ; nouveau refus de la Marine. On parla même de creuser un tunnel. Enfin, en 1888, les Ponts et Chaussées envisagèrent un pont s’élevant à 45 mètres au-dessus du niveau de l’eau, projet rapidement abandonné, posant trop de problèmes.
Cette même année, deux autres propositions furent étudiées : un service de bacs à vapeur de grande capacité, ou la proposition de FERDINAND ARNODIN pour un pont ce conception révolutionnaire : le pont à transbordeur.
Cette proposition fut enfin retenue. Ingénieux pour l’époque, un pylône sur chaque rive, et par l’intermédiaire d’un câble, une nacelle au niveau du sol et de l’eau pouvait embarquer marchandises et passagers. La Marine était satisfaite, ce pont autorisait le franchissement de ses navires, Rochefort étant doté d’un arsenal important. Entre l’acceptation de fait et le lancement des travaux, dix années s’écoulèrent. Comptons en tout et pour tout 50 ans de tergiversations.
Le pont pèse 700 tonnes ; les deux pylônes ont une hauteur de 66,50 mètres et sa longueur est de 175 mètres.
De tous les transbordeurs français, celui du Martrou est le seul rescapé. Il le fut grâce à la ténacité de Jacques Delmare qui s’est battu dans les années 70 pour que le pont soit classé monument historique. On peut l’emprunter pour une balade d’un autre temps.
Il figure en bonne place dans le film « les Demoiselles de Rochefort ».
Le pont transbordeur de Martrou-Rochefort est actuellement en travaux de restauration pour trois ans.