21 Septembre 2018
LEONCE VIELJEUX
Maire de La Rochelle (1930) - Né le 12 avril 1865 en Ardèche, exécuté d'une balle dans la nuque, avec ses camarades, par les nazis le 1er sept 1944 au camp Struthof Natzwiller (Bas Rhin) - Armateur - Résistant réseau SR Alliance. Après des études secondaires au lycée de Tournon, il prépara et intégra en 1886 l'Ecole militaire spéciale de Saint Cyr. A sa sortie de l'école en 1888, il fût affecté comme officier au 123ème régiment d'infanterie à La Rochelle...
...En 1891, il épousa Hélène Delmas, fille de l'armateur rochelais Franck Delmas. En 1895, il quitta l'armée pour entrer à la compagnie d'armement "Delmas Frères" dont il prit la présidence et qui devint la compagnie Delmas-Vieljeux. Il entra au conseil municipal de La Rochelle en 1912.
Après la première guerre mondiale, en 1922, la compagnie Delmas-Vieljeux créa les Chantiers Navals de La Rochelle La Pallice. En 1930, devenu vice-président du comité national des armateurs de France, âgé de 65 ans, il fût élu maire de La Rochelle à la tête d'une liste républicaine d'Union et de Défense des intérêts rochelais.
Opposé aux accords de Munich en sept 1938, il déclara alors dans un discours "une des pages les plus tristes de notre Histoire vient d'être signée... ces accords conduiront demain nos fils dans les cimetières et ils mèneront aussi au suicide de la France...".
A l'arrivée des allemands le 23 juin 1940, il s'opposa à l'officier qui voulait faire hisser le drapeau nazi sur l'hôtel de ville de La Rochelle. Le drapeau à croix gammée fût hissé le soir-même mais Léonce Vieljeux s'opposa dès lors comme il le put aux exigences de l'occupant. Il fût destitué de ses fonctions le 27 septembre 1940 par le préfet, à la demande des autorités allemandes. La poursuite de ses actes de résistance le fit expulser de La Rochelle et du département en juin 1941. Revenu en novembre, il s'engagea clandestinement au sein du réseau SR Alliance, entraînant avec lui ses proches, son neveu Frank Delmas, de nombreux membres du personnel ainsi que des membres de la communauté protestante picto-charentaise dont il était membre. Son réseau avait pour objectif principal la surveillance de la côte atlantique et en particulier celle du trafic de l'importante base de sous-marins de La Rochelle (à côté de chez moi).
Léonce Vieljeux fût arrêté par la Gestapo le 14 mars 1944 avec ses neveux Frank Delmas, Jacques Chapron ainsi que Josepht Camaret, ingénieur en chef des Chantiers Navals Delmas-Vieljeux, emprisonné à La Rochelle, puis transféré à Poitiers - sur le quai de la gare, tous les cheminots sont venus et ont fait une haie d'honneur à notre maire, encadré par deux feldgendarmes. Il fût transféré à Fresnes et déporté au camp de Schirmeck (Bas-Rhin), puis, devant l'avance alliée, les 106 membres du réseau Alliance furent transférés vers Struthof, sur ordre de la Wehrmacht, où ils furent, dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944, abattus d'une balle dans la nuque puis incinérés dans le four crématoire du camp. Le 23 juillet 1948 fût apposée, en présence du général De Gaulle, une stèle en sa mémoire sur l'hôtel de ville de La Rochelle.
Sources Marie Fourcade, Annick Notter, Wikipédia biographie de Léonce Vieljeux. divers Internet.
Ma touche personnelle : De famille et de convictions protestantes très profondément ancrées (tout comme La Rochelle), Léonce Vieljeux était connu aussi pour sa générosité ; un don important de sa part est par exemple à l'origine de l'implantation, dans le quartier de Laleu La Rochelle, d'une maison fraternelle de la Mission Populaire évangélique, dite "la FRAT". Elle aide les plus démunis et dispense des cours de cuisine, d'alphabétisation, d'aide à la recherche d'un emploi, divers ateliers dont un studio d'enregistrement, de percussions, la vente de vêtements, livres, jouets, vaisselle pour les plus démunis, avec des valeurs d'entraide et de solidarité. Elle a abrité des structures comme le comité national pour l'indépendance et le développement . Elle se situe en bas de chez moi et ce sont mes copines, les bénévoles, qui sont montées avec moi costumées XIXème sur la locomotive vapeur, dans la bonne humeur.
La solidarité n'est pas un vain mot.
Eliane Roi.